La Fondation Thalie inaugure l’année 2022 avec une exposition de l’artiste américaine Kiki Smith. Inner Bodies rassemble un corpus d’une trentaine d’œuvres, sculptures, tapisseries et céramiques des années 2000, qui sont, pour la plupart, présentées pour la première fois à Bruxelles. On y retrouve l’appétence de l’artiste à représenter la matérialité des corps mais aussi la cosmogonie au travers des cultures. Son œuvre incarne un panthéon du féminin dans des forêts habitées d’un bestiaire cosmique.
L’exposition s’inscrit dans le programme artistique de la Fondation Thalie. Depuis 2018, avec l’ouverture d’un lieu d’exposition et d’une résidence d’artistes et d’auteur(e)s à Bruxelles, la fondation s’engage à défendre la place des femmes sur la scène artistique contemporaine, à mettre en valeur des pratiques artistiques transversales en dialogue avec l’artisanat et les communautés ainsi qu’à sensibiliser le public aux enjeux écologiques.
Dans sa pratique, Kiki Smith s’intéresse à ce qui est périphérique, considéré comme mineur ou éloigné d’un discours patriarcal dominant. Dans son travail, l’artiste évoque l’inacceptable finitude humaine autant que l’immensité du cosmos où l’art devient croyance. Elle crée une mythologie féminine personnelle qui embrasse un répertoire figuratif, touchant à la pureté d’un langage universel: celui de l’enfance, des mythes et des contes. C’est Alice au Pays des Merveilles, Marie-Madeleine, le Christ au féminin, tête renversée, chevelure tombante ; ce sont toutes ces femmes qui se sont imposées à elle. C’est à partir de son expérience d’être au monde que l’artiste crée, inspirée notamment par l’exotisme d’un Douanier-Rousseau ou par les gravures de Gustave Doré.
Née en 1954, Kiki Smith fréquente le Soho des années 1960, « nous étions comme un gang, confie-t-elle, je voulais tout savoir, en particulier, ce que veut dire être un corps. » Ses sculptures montrent les coulisses de l’indicible : des orifices, des organes… Elle puise dans les tréfonds de la matière, dissèque au scalpel nos entrailles. Vinrent les années 1970, les années féministes, le mythe de la déesse-mère ; les années 1980, ou comment déconstruire le discours sur la sexualité et la question du genre ; les années 1990, où elle explore cette fois les mythes de la culture occidentale ; et enfin les années 2000, qui ouvrent un nouveau chapitre. L’artiste se projette désormais dans le monde du vivant, du végétal.
« Soyons attentifs à la nature » : c’est ce que Kiki Smith exprime dans ses œuvres depuis une vingtaine d’années, une façon particulière qu’elle a, en utilisant une diversité de médiums comme la gravure, la sculpture, la porcelaine, la tapisserie, d’explorer notre vulnérabilité, nos solitudes et nos doutes face à la crise civilisationnelle que nous traversons. Son œuvre est un hommage au vivant. De la naissance à la mort, elle y questionne nos affects. « Je n’ai besoin de rien, confie-t-elle, juste de faire ce que j’aime, jusqu’au bout ». Elle nous transmet la puissance de feu d’une artiste portée par le sacré.
« Les choses ne sont pas cachées, il faut simplement apprendre à les observer. Je suis peut-être une dilettante ou une abeille qui butine. J’ai une mission à accomplir mais la trajectoire est aléatoire. L’art m’enracine ». C’est toute l’histoire du monde qui réside dans l’œuvre de Kiki Smith.
Commissariat : Nathalie Guiot, présidente-fondatrice
Avec l’aimable collaboration à Galleria Continua, Galerie Lelong & Co., Paris et Pace Gallery, New York.
Nos vifs remerciements à Galleria Continua.
INFORMATIONS PRATIQUES
Exposition prolongée jusqu’au 18 juin 2022
Du mercredi au vendredi de 12h à 18h, le samedi de 11h à 18h et sur rendez-vous
Entrée 5€ / Gratuité* (sur présentation d’un justificatif)
*Étudiants, enseignants, -26 ans, demandeurs d’emploi et membres SMART
Gratuité chaque premier samedi du mois
Chaque samedi, le ticket d’entrée vous donne accès à une visite commentée à 15h
Prochaines visites commentées par Nathalie Guiot
-Samedi 9 avril, 15h
-Samedi 30 avril, 15h
-Samedi 18 juin, 15h (finissage de l’exposition)
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Eeckman art & insurance, Art Brussels et Maison Ruinart