#26 – Suzanne Husky et Geneviève Pruvost

Écoféminisme : le quotidien a-t-il “le pouvoir de la métamorphose et de l’invention” ?

Créées en 2020 par la Fondation Thalie à l’initiative de Nathalie Guiot, les rencontres Créateurs face à l’urgence climatique mobilisent la vision audacieuse de l’artiste à imaginer des futurs possibles et invitent au partage des savoirs, en collaborant avec des chercheurs.ses pour révéler par l’expérience du sensible, les faits scientifiques et encourager de nouvelles collaborations entre ces deux disciplines.

Invités : Suzanne Husky, artiste et Geneviève Pruvost, sociologue du travail et du genre au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS).
Co-modération par Stefano Vendramin, coordinateur du programme de rencontres et Lucile Encrevé, docteure, historienne de l’art et du design, professeure à l’École des Arts Décoratifs.

L’écoféminisme interroge les liens entre destruction de l’environnement et oppression des femmes, reposant tous deux sur un système de violence et de domination : ce champ d’études et d’actions peut-il ainsi constituer une source d’inspiration et une voie émancipatrice pour la création contemporaine, autant que fournir des outils supplémentaires pour agir face au dérèglement climatique ? Comment les artistes et créateur.rices peuvent-iels à travers ce prisme transformer leurs pratiques et investir le champ politique du « moindre geste » et « de l’entre-subsistance », en s’inspirant des luttes collectives existantes (telles celles des Zones À Défendre), en écoutant et en inventant d’autre récits, en se tournant vers d’autres savoirs ?

 

Les invitées

Formée en paysagisme et en agroécologie, Suzanne Husky développe une pratique artistique fondée sur l’observation des formes de domination sur le vivant et leurs interconnexions : peut-on « œuvrer avec la terre » plutôt que lutter contre ? Ses œuvres prennent la forme d’un sol régénéré, d’un.e jardin-forêt, de la recherche des savoirs de la terre présents dans les contes ou d’une tapisserie sur les oiseaux et la formation des sols. Husky créé en 2016 avec Stéphanie Sagot Le Nouveau Ministère de l’Agriculture, une institution fictive qui tend à démasquer les absurdités des politiques agricoles françaises et propose des solutions concrètes pour sortir d’un modèle de société extractiviste.
Son travail est présenté en 2021 dans le cadre du Festival de Film de la Villa Médicis à Rome, à la biennale de Timișoara, au Transpalette de Bourges, et à l’IAC Villeurbanne/Rhône-Alpes, ainsi qu’au Frac Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux (2020), au Museum of Modern Art à Varsovie (2020), à la 16e biennale d’Istanbul (2019) et plus récemment à la 16e Biennale d’art contemporain de Lyon (2022). Suzanne Husky est représentée par la galerie Alain Gutharc, Paris.

 

Geneviève Pruvost est sociologue du travail et du genre au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS). Elle est médaille de bronze du CNRS. Ses recherches actuelles portent sur la politisation du moindre geste et les alternatives écologiques. Elle a publié Profession policier, sexe féminin (Maison des Sciences de l’Homme, 2007) et Quotidien politique. Féminisme, écologie, subsistance (La Découverte, 2021). Elle a co-dirigé l’ouvrage Penser la violence des femmes (La Découverte poche, 2017).

 

Sur une proposition curatoriale de la Fondation Thalie, cette 3e saison accueillie au sein de l’École des Arts Décoratifs est organisée par Stefano Vendramin, coordinateur du programme Créateurs face à l’urgence climatique en co-construction avec Francesca Cozzolino, enseignante en sciences humaines et sociales et Patrick Laffont-DeLojo, enseignant en scénographie à l’École des Arts Décoratifs.

En partenariat avec l’École des Arts Décoratifs de Paris