Jasmine BAUME & Byron GAGO

Byron Gago est artiste. Il est né en Equateur. Ses oeuvres à l’esthétique épurée, voire ascétique, sont des dispositifs de visualisation de ses recherches portant à chaque fois sur des territoires, des « cas » spécifiques. Leur dimension froide, technologique, leur design anonyme et autoritaire, évoquant celui d’un de laboratoire, se confronte avec les sujets dont il traite, entrecroisant géopolitique, écologie, politique des corps — en forme de geste spéculatif. En 2020, il a réalisé Synthetic Amazonia, qui recrée, in vitro, le climat de la forêt amazonienne équatorienne. Le système visuel mis en oeuvre par l’artiste, entre centre de recherches industriel et décor de science-fiction, révèle, en même temps qu’il le neutralise en un sens, l’objet qui est analysé, décomposé, pour être remis en perspective et critiqué : la capacité humaine à manipuler les paysages, le contrôle brutal des territoires, des déplacements et des corps par les mêmes forces extractivistes, et l’alliance des sciences, de l’économie et de la politique pour amplifier l’exploitation du vivant. Son travail, comme dans 00.0619, une installation explorant les enjeux d’une zone du Sud Ouest de la Sardaigne, plonge parfois en dessous du régime de l’image, du visible, du représentable pour travailler les matérialités, visibles et invisibles, des éléments qui compose un territoire.

Jasmine Baume est juriste. Ces dernières années, elle s’est intéressée aux enjeux écologiques liés à l’eau — les politiques d’accès, de traitement de l’eau, l’engagement face à la sécheresse, à la pollution — et comment sont traités ces situations dans les discours politiques contemporains. A Bruxelles, Jasmine et Byron se sont associés pour développer un projet, à la croisé de l’art et du droit, de la recherche et de l’activisme; après avoir visité le Parlement Européen, visionné des centaines d’heures de négociations, l’artiste et la juriste ont décidé de centrer leur enquête sur  le processus de prise de décision tout en pointant le décalage entre le régime de discours au niveau politique et les besoins, les expériences et les demandes de la population. Leur travail porte une attention particulière sur la performativité, le langage des corps, l’écriture des textes et le rôle de l’émotion dans les débats du Parlement. En résulte une série de productions textuelles et visuelle : une vidéo, qui documente le dispositif architectural du Parlement en tant que structure de pouvoir, arène vide et désincarnée, en l’encerclant symboliquement par ce qui se trame en sous-sol (les sous-sols de Bruxelles et la circulation et le traitement des eaux souterrains) et autour en interviewant les activistes qui manifestent régulièrement devant la Parlement pour demander que la justice climatique soit appliquée. Un texte et une performance, intitulés The Recipe, proposent de traduire ces questions sous la forme d’un manifeste écologique qui détourne les codes de la plaidoirie politique. Un journal, des textes, une bibliographie sont aussi regroupés sur une plateforme en ligne, qui catalyse l’ensemble des matériaux de la recherche.

The Water Case de Jasmine Baume et Byron Gago est en ligne à l’adresse suivante : thewatercase.com. 

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Jasmine Baume (1997) a obtenu un Bachelor et un Master en droit à l'Université de Neuchâtel en 2018. Elle a ensuite étudié entre la KU Leuven et Neuchâtel pour obtenir un master en droit. Jasmine a été collaboratrice scientifique dans une ONG et est dorénavant stagiaire juridique auprès des Swiss Competition autorités depuis mars 2022.

Byron Gago (1994) est un artiste visuel et chercheur né en Équateur en 1994. Son projet éditorial de fin d’étude, traitant de la condition actuelle des territoires de la forêt amazonienne en Équateur, lui permettra d’obtenir un Bachelor de la NABA à Milan (IT). En 2020, il achève son Master à l'ECAL à Lausanne.

 

Le duo était accompagné par Yann Chateigné Tytelman, commissaire invité pour les résidences 2024.