Ouzzani-Carrier
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Résidence de recherches

Marie OUAZZANI & Nicolas CARRIER

Arts visuels & écritures créatives

A la manière de monographies botaniques, ou de conversations avec des paysages, le travail de Marie Ouazzani & Nicolas Carrier est organisés par chapitres, ou par courants, par vagues autour de la relation qu’entretiennent les artistes avec, à chaque fois, une plante particulière. Dans les travaux précédents, Marie et Nicolas ont travaillé avec le Souci (Calendula) ou la Ruine de Rome (Cymbalaire des murs), qui sont venus teinter le travail, au sens littéral, et figuré du terme. Ces individus ont joué le rôle de présences, de catalyseurs d’histoires, d’inducteurs de fictions. Les expositions de Marie et Nicolas sont d’ailleurs souvent comme des climats, reposant sur une relation lente et douce avec les plantes, que les artistes invitent dans leur travail. Le principe d’infusion qu’ils emploient pour produire certaines de leurs oeuvres est à l’image de leur méthode, qui laisse au monde végétal la possibilité d’agissement à l’intérieur de chaque recherche, tissant les pistes — géographiques, historiques, médicinales, poétiques, biographiques — ouvertes par la rencontre silencieuse avec le sujet et la composition de récits qui semblent pousser de ces échanges, et des temps et des lieux qui s’enchevêtrent en dessous, enracinant chaque projet dans des contextes interconnectés et transnationaux.

Marie et Nicolas avaient identifié une importante collection de caféiers conservée au Jardin Botanique de Meise, près de Bruxelles. C’était, pour les artistes, un prétexte à enquêter sur la plante, à comprendre son comportement, en observer les usages et cartographier les histoires dans lesquelles sont prises la plante et la boisson dont elle est extraite. Mais pas uniquement : rapidement, il a été question d’écrire, d’imaginer un travail qui n’aurait pas été documentaire. Il fallait commencer par voir, aller à la rencontre des acteur*ices et c’est à Meise, dans les serres historiques, que Marie et Nicolas ont vu un caféier, isolé au centre d’une plate bande. Les artistes ont été frappés par sa forme fragile, longiligne, très haute, comme s’il essayait d’aller le plus près possible des vitres de la serre, vers la lumière. Dans un autre bâtiment, Marie et Nicolas ont vu les espèces de caféiers, dénombrées par dizaines, conservées à plat dans des enveloppes de papier, comme des archives. Etrangement, si elles ont été collectées, déplacées d’un continent à un autre, observées, rangées, certaines restent non-identifiées. Régulièrement, les botanistes annoncent la découverte d’une nouvelle espèce, plus robuste, plus productive, ou tout simplement à même de remplacer un caféier décimé par la maladie, éteint par le rendement industriel des cultures. Pour autant, apprirent les artistes, parfois, certaines espèces ont déjà disparu lorsqu’une équipe scientifique en réalise la découverte. Il reste donc encore toute une population inconnue dans les enveloppes du Jardin Botanique : un monde qui est là, comme en attente, reposant dans l’obscurité, arraché au passé et un futur encore à inventer. C’est à partir de là, peut-être, dans cet espace entre une histoire violente et un futur latent, que Marie et Nicolas ont commencé à spéculer. A composer un récit, aux bords de la science et de la fiction. Qui propose une hypothèse, une anticipation, imagine un avenir proche dans lequel le monde médical aurait découvert les propriétés encore inconnues du café, qui devient dès lors, non plus la ressource coloniale, le poison du capital qui nous inonde, mais une nouvelle substance qui apaise, et guérit, de manière miraculeuse, certaines maladies rares et sans remède.

Marie Ouazzani & Nicolas Carrier présentent actuellement dans Dreamland · Homeland, à Carte Blanche Winland (Hangzhou, Chine) et Terrestrial Waves, au 101 Art & Design Centre (Fuzhou, Chine). Une exposition personnelle de leur travail est organisée par le Banyan – Centre d’art contemporain de la Cité des Arts de La Réunion à Saint-Denis en Mars 2025. 

Travaillant et vivant ensemble depuis 2015, Marie Ouazzani (1991, France) & Nicolas Carrier (1981, France) développent leur pratique par la discussion, la recherche et l’exploration de territoires urbains et de leurs périphéries. Le duo a notamment exposé à Maison Salvan, Ygrec-ENSAPC, 19e Biennale WRO, Casa da Cerca, CAC Passerelle, Manifesta 13, 2nd Lagos Biennial, Mains d’Oeuvres, 3 bis f, 5e Odessa Biennale, 61e Salon de Montrouge et Darat al Funun. Leur travail a reçu le soutien de la Fondation des Artistes et de l’Institut français, du CNAP et du DICRéAM (CNC) et de la région Île-de-France (FoRTE).

Marie Ouazzani & Nicolas Carrier étaient en résidence lors de deux sessions distinctes, entre avril et mai, puis entre août et septembre 2024. Ils étaient accompagnés par Yann Chateigné Tytelman, commissaire invité pour les résidences 2024.

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